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Sakakaka!
24 juin 2011

Chrono Cross Surfing Company

Final Fantasy X, donc.

 

Je l’avoue, j’ai abordé ce Final Fantasy avec pas mal d’appréhension. Parce que j’ai fait ceux qui ont précédé, et parce que le XIV est sorti depuis un moment quand j’écris ces lignes, donc j’ai vu ce qu’est devenu FFX-2, le syndrôme Star Wars au développement Fantastic Four-like du XII, et j’ai aussi vu FF XIII et ses chantres qui ne le vantent qu’avec ce qu’on trouve dans le grind de Pulse. Je parle même pas du design bâclé/bateau du XI qui pense que mettre un pont de pierre naturel au-dessus d’une ville c’est chôôôôli. En dehors de toute considération tactique, par exemple des ennemis qui attaquent le mur de la ville au lieu de la bombarder d’en haut. Passons.

Donc une galette trouvé à 5€ dans une boutique d’occase, en même temps je l’aurais pas pris à plus. Je connaissais déjà les grands tenants de l’histoire, suivis quand j’étais gamin à la sortie du jeu sur la PS2 d’un copain. Et pourtant, passé l’introduction, j’ai été agréablement surpris. Bon, ça reste un FF, et ça reste du Square ; en mille ans, la monnaie, la langue, la taille des gens et les putains de règles d’un sport populaire n’ont pas changé d’un yota, y’a des monstres sur une route qu’empruntent des gens pour aller d’une ville à l’autre, Yuna + Tidus c’est bien téléphoné, tiens d’ailleurs j’ai 17 ans, j’en fais 22/25 et je suis champion mondial de sport etc. Et ce sphérier m’a quand même l’air d’une putain de fausse bonne idée. Kikoulol y’a plus de niveau de personnage, y’a des paliers d’avancement pour progresser sur un chemin tarabiscoté mais linéaire qui upgrade les persos petit à petit. Bonjour la révolution ; à ce niveau , les deux jeux sortis par Arkane (Arx Fatalis & Dark Messiah of Might and Magic) étaient beaucoup plus convaincants. 

Toutefois, surtout comparé à ce qui l’a précédé et à ce qui le suit, ce FF est étonnamment fouillé. Je vais être ordurier, il est étonnamment subtil.

Par exemple, sur les routes précitées, y’a des gens qui patrouillent pour protéger les voyageurs. On n’est pas le seul groupe à essayer de sauver le monde. On se ballade pas sur une world map à parcourir des milliers de kilomètres en 2-2, on se farcit des routes à traverser. Bien sur, c’est cloisonné et illusoire - parce sinon la journée de bateau équivaudrait à vingt minutes de marche - mais y’a l’intention de faire non pas dans le crédible, mais dans le plausible, que le monde soit un minimum cohérent ; ça implique plus de travail de fond et de moyens mis là-dedans, d’où sans doute ces couloirs-fu. Le syndrome des couloirs est particulièrement énervant, en même temps c’est pas comme si les FF étaient un Baldur’s Gate, mais à ce point-là merde, quoi ! Ce jeu est un monument de porte-monstre-trésor transformé en couloir-monstre-cinématique. Chose étonnante pour un J-RPG, les dévs ont vraiment pensé mentalités des peuples pour les construire ; presque uniquement pour les humains, malheureusement. Et la où je ne l’attendais pas du tout, il traite ses sujets de façon étonnamment adulte, eut égards de ce qui a précédé. Le traitement du religieux par le politique, l’interprétation des faits par les gens du peuple et leur rapport à la foi, le mariage arrangé, le sens du devoir, le rapport à la mort face à la catastrophe, tous ces trucs-là sont bien ficelés, et les très nombreuses courtes cutscenes (outre le fait de fouiller les personnages principaux qui restent dans des cases assez simples et stéréotypées) permettent non pas de balancer ces sujets avec la subtilité d’un tracto-pelle dans un King Jouet (glose d’FFIX, amarite ?), mais d’en rajouter par petites touches et de construire sur le long-terme.

Notamment la première scène où la naïve Yuna envoie les âmes vers l’au-delà. Je reconnais que c’est extrêmement subjectif, mais j’ai vu cette scène comme un aveu d’échec du IX de parler du rapport à la mort sans avoir besoin de gloser à côté. Après ça reste du Square, hein, le coup du mariage à Bevelle c’est du meublage pur et simple, et ça part en cahuète dans le cliché du « je tue un monstre mythique, je bousille des régiments entiers, et dans la cutscene je me rends face à six péquins ». Et même si cette histoire de mariage est bien amenée, avec ce que devient le marié, ses motivations deviennent juste n’importe quoi.

Toutefois, cette manière de procéder justifie à elle seule le caractère tête à claques et boulet de Tidus (même si ça ne l’excuse pas de garder ses fringues de surfeur quand il part en pèlerinage pour sauver le monde. La même chose est valable pour Wakka. Et pour Lulu qui se ballade en robe de soirée goth hype dans la cambrousse. Et Rikku en mini-juppe dans la montagne. Mais rappelez-vous, on était en 2002. Passons). Dans ce monde d’adulte, il est le gamin qu’est censé être le joueur (rappelez-vous, les FF étaient pas prévu pour des trentenaires. Avoir entre treize et dix-huit ans à l’époque était, je crois, dans la norme), et sa voix off, posée, réfléchie, contraste avec son rôle de chien fou vantard. Cette voix est l’adulte qu’il est devenu, collant à ce fameux pèlerinage l’étiquette obligée du rite de passage… En posant d’emblée l’avant et l’après, et la question du comment. Au moins, le débarquement dans un monde dont on ne sait rien change de la putain d’amnésie, et c’est pas plus mal. Mais, comme égrené ci-avant, ce FF n’est pas exempt de défauts.

Certaines cutscenes sont vraiment très très con, et certaines résolutions de crises sont complètement à la ramasse. Même si je comprends l’utilité de celle où Yuna et Tidus se forcent à rire, ces VOIX les PUTAINS DE VOIX ! C’est horrible à écouter, le doubleur qui interprète Tidus fait très bien le chien fou, mais il n’a aucun talent pour verser dans le pathos. La scène où il se rend compte de ce que fait vraiment Yuna passe, mais tout juste ; et certainement pas grâce à lui. Au sujet des voix d’ailleurs, la plupart sont correctes, mais quelques unes font grincer des dents, notamment en levant toute ambiguïté dès le départ sur un personnage précis, ou celle de Tidus, beaucoup trop âgée pour les dix-sept ans qu’il est censé avoir (en même temps il a le corps de quelqu’un de 25, ceci expliquant peut-être cela ; d’ailleurs certaines cinématiques le font apparaître beaucoup plus asiatiques qu’il ne l’est in-game.) ; heureusement, c’est plutôt pour les seconds rôles ; les personnages principaux, à part Tidus-chien-fou-vantard et Yuna-la-force-naïve, tiennent bien leurs cordes.

Cela dit, le mini-jeu de Blitzball est bien pourri. Outre un tutoriel chiant à mourir, tu ne comprends rien à ce qui se passe. Et je parle même pas des monstres qui sont un nombre ridicule de formes adaptés à toutes les couleurs de part le monde (mis à part quelques bestioles impressionnantes, qui font remarquer que pour une fois, les altérations d’état servent à quelque chose). Ca ne rend pas les affrontements moins énervants quand ils arrivent TOUS LES PUTAINS DE TROIS PAS ! AH MAIS C’EST PAS POSSIBLE JE VEUX POUVOIR AVANCER SANS TOMBER TOUTES LES DEUX SECONES SUR UN COMBAT DE MEYRDE !!! Ni d’ailleurs les invocs qui prennent trois plombes à se lancer, à ces boss qui passent de bien durs et tendus à ridiculement faciles une fois que les chimères ont chargé leur barre d’overdrive (= grosse colère), et à ce level up omniprésent qu’on est obligé de faire pour passer les boss. Je touche à la fin, j’arrive au bout des grilles personnelles de chaque personnage. Quand je pense que certains ahuris ont poussé le vice jusqu’à remplir COMPLETEMENT leur sphérier pour chaque bonhomme, j’ose même pas imaginer le temps qu’ils ont… euh… perdu ? Gaspillé ? J’hésite. Au moins les boss cachés de Digital Devil Saga sont magnifiques et reprennent pas tes propres invocs et ils débloquent des compétences qui leur sont propres ; et ils ne nécessitent pas un grind excessif. Alors que là…

Et je parle même pas des quêtes annexes de MEYRDE qui obligent de faire du grind, du grind et encore du grind. Et du level up aussi. Aucune histoire, non non, tu passes ton temps à tabasser un nombre risible de mobs jusqu’à la fin des temps pour avoir le droit de tabasser des skins déjà vues avec des stats surboostées. Voilà.

Franchement, ça blase, et c’est bien dommage.

Au final c’est un jeu assez difficile à noter, parce qu’il a plein de défauts extrêmement énervants, des petits trucs qui font grincer des dents, mais il a également de grandes qualités, et des petits riens qui font qu’il marque. 

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