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Sakakaka!
16 mars 2010

Good girls go to heaven, Bad girls go Everywhere

Dans la série bouts de machins mis en forme à causes de trucs divers qui font ressembler ma tête à un genre de monsieur patate avec un ticket de métro, une mienne connaissance (que tu sauras pas qui c’est, mais sache ceci, petit sakakophile : ma vie est passionnante. Même que.) me fait suivre les Etats Généraux de la Femme. Elle raconte des bribes de son ressenti, tout ça.

Allez savoir pourquoi, ça me fait penser à de la politique romaine. Ou à Sénèque, ou aux petites piques que balançait Hume sur les séminaires des sceptiques. Je m’explique. Toi, inculte de base, cherche Sénèque sur wikipedia j’ai mieux à foutre de mon temps que t’expliquer la vie d’un mec qui a posé la base théorique de presque deux mille ans de pensée mainstream en occident. Si tu es un inculte curieux, cherche sur Persée. Bref. Donc ce mec, ses détracteurs l’appelaient le vieux bouc, et ces petits malins sifflotaient en passant sur le fait que ce mec (Sénèque, donc) parlait d’ascétisme en buvant dans une coupe en or. Genre. Imagine Mickaël Vendetta qui parlerait d’humilité, quoi.

Rapport à la politique romaine, à une époque, c’était la crise (mais une vraie, hein Parce que bon, le RMI et la sécu dans la Rome antique…), et y’avait tout un foin autour de trucs à faire pour arranger ça. Dans les salons* de la haute, y’avait grosso merdo les gens qui parlaient de faire comme ci ou comme ça. Cela dit, ça n’a rien empêché, la crise a suivi son cours, et le visage de Rome s’est profondément modifié. Parce que ces mecs-là, qui causaient de comment changer le monde, n’ont finalement pas fait grand-chose alors que la barque prenait l’eau, et ça poussait dru. La barque a coulé, et c’est les petits malins qui avaient vu le vent tourner (et les moyens d’en tirer les conséquences aussi, hein, parce que c’est pas juste en étant inscrit dans une tribu au cens de Rome qu’on pouvait changer quoi que ce soit) qui sont sortis vainqueurs (ou au moins ont essayé) de cette crise. Aujourd’hui, ces petits malins-là, je m’en contrefous complètement. Ce qui m’intéresse, c’est les gusses là-haut, qui prétendaient refaire le monde mais qui s’en foutaient un peu, en fait. Tu faisais de la politique, fallait choisir un camp, tu traînais avec des potes qui faisaient de la politique, fallait choisir un camp.

Et en ce temps, ce lieu et ce milieu, tu fais de la politique pourquoi ? Pour tenir ton rang et montrer la belle gueule de ton pénis. Donc ce à quoi tu crois, limite c’est pas trop grave. Mais gesticule et soit hype, c’est style et ça fait mouiller les jeunes filles. Je vais être plus précis. Dans un de ses discours, P.K. Dick (après avoir présenté les salutations officielles de Disneyland) notait qu’un jour les chantres de la pensée sceptique** s’étaient réunis pour se donner des claques dans le dos en se disant « raaaah putain cool story bro, en fait on est des philosophes, yeah ! ». Hume a alors fait remarquer que les mêmes mecs sont repartis par la porte ; entendant par là que c’était juste du bavardage et qu’ils auraient aussi bien pu causer vinasse et essieu de carrosse.

Toi, lecteur assidu de mes salades diverses et avariées, tu commences à me voir venir gros comme un congrès. Le féminisme de salon. Et en fait, tant qu’à faire, toutes les idéologies « contestataires » de salon, parce que ton T-shirt anarchiste il coûte 40€. En fait, quand on y réfléchit, c’est une équation assez simple. Dans tout mouvement il y a grosso modo un noyau dur d’idées. On va dire que c’est la zone consensuelle, la tout-public. En général assez insipide et neutre pour satisfaire le plus de monde possible. Et puis tu as les marges. Qui peuvent conspuer le noyau à n’en plus pouvoir, mais qui défendront des idées beaucoup moins glam grand public. Maintenant, faut voir la répartition du cheptel lors des grand-messes. Genre les Etats Généraux de la Femme, une AG pendant une grève étudiante, etc. Pour des facilités d’élocution parce que je suis un mec, donc incapable de faire migrer mes neurones vers mon cerveau, je considèrerais uniquement le mouvement féministe. Mais ça aurait pu être n’importe quoi. Des Goths, tiens.

Déjà, considérer tous les gens qui ont une opinion favorable envers le mouvement. Parmi eux, une quantité indéfinie n’en ont rien à carrer de l’existence même du mouvement. Ils vivent avec leurs idées et se contrefoutent du reste. Ca, c’est le gens qui se contrefoutent d’avoir raison ou non, et qui n’en ont rien à battre de ton avis. Virgule connard. Et puis il y a ceux (et celles) qui s’intéressent de près au mouvement féministe en tant que tel. Qui suivent son actualité, tout ça. Et qui s’impliquent assez pour avoir des invit’ pour une grand-messe quelconque. Pour ce genre d’évènement, il faut donc des gens qui aient l’envie, le temps et les moyens de s’y rendre. Ensuite, si c’est un évènement médiatisé, il faut faire respectable, parce que tu ne vendras pas tes idées sur TF1 si tu ressembles à un épouvantail à moineau et si ton public est composé de militants un poil trop enthousiastes. Donc la majorité des présents seront
a°) des gens issus du noyau consensuel d’idées pour éviter des clashs trop violents. Ca fait toujours mauvais effet.
b°) des gens ayant une certaine allure de respectabilité pour te montrer que c’est pas dangereux pour la santé. Donc un certain train de vie. Id petite bourgeoisie, ou plutôt (y’avait Simone Veil quand même) moyenne ou montante. Bizarrement, les gens nourris par les idées d’un système sont rarement ses éléments de critique les plus radicaux (Lénine cherchait seulement à se faire des amis vous savez) ou ne dépassent guère les rodomontades de salon. Certains deviennent doyens d’UFR d’arts, mais ça doit aller avec le poste, je suppose. Bref.

 Fatalement, à ce genre de grand-messe vitrinoïdale, la majorité des présents sont, pour reprendre cette mienne connaissance, par morceaux choisis, des « nanas de trente ans avec des gosses. […] Que des mères de famille et tout. Un peu niant niant. Pour ne pas dire grave tradi pour certaines. […] Elles sont quasi toutes potiches, et avec des putains de boulots. […] Déçue »

 Si toi lecteur, tu as encore besoin que je te fasse un dessin, c’est simple : si tu as des idées précises, et que la vague soupe féminisante pétrie de mainstreamness et de bonnes intention te débecte de consensualisme, les grands rassemblements ne sont pas faits pour toi. Ou au moins, tu n’y verras pas un reflet de tes idées. Mais après, si tu veux y faire ton bonhomme de chemin et convaincre tes nouveaux amis du bien fondé de tes opinions, je te souhaite bien du plaisir. Regarde Lénine. Il a du faire un coup d’état et renverser un régime démocratique pour pouvoir faire quelques millions de morts, mais il avait raison. Lui au moins en était persuadé.

 

...

Remarque, c'est pas forcément un exemple à suivre. La plupart du temps, tu finis lynché, ignoré ou blacklisté.

 

 

* Terme anachronique mais comme tu n’y connais rien t’y verras que du feu. Je suis modeste.
** Tu crois que je t’explique pas la vie de Sénèque pour résumer la pensée sceptique ? J’sais pas ce que tu fumes, mais ça a l’air cool…

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